La série des Croix: suspense romantique
Des bad-boys aux cowboys les plus sexy, la série des Croix mettra à l'épreuve les limites de votre cœur et vous gardera en haleine tout du long. Rejoignez Hunter, Eric, Derek et Scar dans leur lutte pur garder les femmes qu'ils aiment en vie et en sécurité. Regardez Grace, Emma, Annabelle et Sklyler se battre pour récupérer leurs vies et guérir leur coeurs. Suivez les familles Waters et Fields dans la découverte de la fore de leur amour les uns pour les autres. Ces romans d'amour à suspense vous promettent de l'aventure, des rires et beaucoup de chaleur.
~ Suspense ~ Tristesse ~ Érotique ~ Aventure ~
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Un avant-goût de Croix de Bois
Chapitre 1
Les sèche-cheveux vrombissaient, les ciseaux coupaient. L’odeur du peroxyde d’oxygène et de shampoings hors de prix emplissait l’air. Telle une armée de fourmis bien entraînées, mes employés s’affairaient à laver et à coiffer quelques-unes des têtes les plus célèbres au monde. Sur rendre-vous uniquement : personne ne débarquait ici sans prévenir. Trois célébrités venaient de faire l’éloge du salon à la télévision, ce qui m’avait assuré des mois de réservations en avance. Alors, quand mon regard se posa sur l’embrasure où se tenait ma meilleure amie Emma Cross aux côtés d’un homme des cavernes, je manquai de défaillir.
Mais où avait-elle bien pu le trouver ? C’était Manhattan, et pas l’Âge de pierre. Je me précipitai vers l’accueil en soufflant et en haletant comme le loup dans Les trois petits cochons, mais bien sûr Emma avait déjà son regard de chien battu, prête à un combat que nous savions perdu d’avance pour moi.
— Qu’est-ce que c’est que ça ? demandai-je en désignant l’homme qui n’avait pas bronché depuis le moment où elle l’avait entraîné à l’intérieur.
Son visage demeurait indéchiffrable, mais c’était probablement parce que la majeure partie était couverte de poils. Je me penchai pour l’examiner de plus près. C’est bien une plume que je vois là-dedans ? Oh, cette puanteur ! Je reculai comme si je venais de sentir Pépé le Putois.
— Il est resté sous couverture pendant un moment, sous la supervision d’Allie, et maintenant, il a besoin d’une coupe avant que tu l’emmènes à la clinique.
— Est-ce qu’il est humain ?
J’enfonçai mon doigt dans son avant-bras, mais il ne broncha pas. Sa chemise devrait s’être raidie sous l’effet de toute la saleté qui s’y était accumulée.
— Et puis qu’est-ce que cette histoire de le conduire ? demandai-je. C’est ton boulot. Si mes clients me voient avec ce truc, je serais ruinée, Emma.
Il pouvait bien entendre, je m’en fichais. Il était hors de question qu’il fasse un pas de plus dans mon salon avec des vêtements qui n’avaient jamais vu de machine à laver. Sans oublier cette barbe qui ressemblait au nid d’un oiseau sauvage et lui aurait valu une citation dans le Guinness des records.
— Il a vraiment besoin d’une coupe, dit-elle en faisant la moue. Et d’être rasé. Tu sais, si ça ne tenait qu’à moi, je l’aurais rasé partout, si tu vois ce que je veux dire, et même épilé. De quoi transformer Robinson en Apollon !
L’espace d’un instant, je crus voir l’homme des cavernes couler un regard vers mon amie, mais ce n’était sûrement qu’un effet de mon imagination.
— Emma, je ne pense pas avoir de ciseaux assez gros ni des lames assez affûtées pour venir à bout de cette jungle sur son visage. Et il faudrait que je commande des litres de cire. De plus, je ne fais pas dans le caritatif. Et même si c’était le cas, je ne pourrais pas le laisser déambuler parmi tous mes clients.
Je l’entraînai à l’extérieur. Le vagabond demeura cloué sur place, figé comme une statue.
— L’agence Cross paiera. Allie m’a dit qu’elle prendrait tous les frais à sa charge.
Je la pris à part, loin du nouveau protégé d’Allie.
— Tu sais bien que je ferais n’importe quoi pour vous, mais ce… (Je reniflai.) Emma, je crois qu’il ne s’est pas lavé depuis des années.
— Il est traumatisé. (Elle consulta sa montre.) Grace, je ne te remercierai jamais assez, mais j’ai rendez-vous avec un type.
— Oh non ! Tu ne me laisseras pas avec ce truc !
— Grace, je ferai n’importe quoi pour toi, je te le promets. Quand tu auras fini, conduis-le à cette adresse.
Elle me tendit une carte de visite.
— Emma, ne t’avise pas de…
— N’importe quoi, Grace. Je le pense. Je t’aime ! Tu es la meilleure amie du monde entier, dit-elle en reculant, me laissant seule avec Cro-Magnon.
Merde ! Je jetai un coup d’œil par-dessus mon épaule en direction du type campé sur mon seuil. Il n’avait toujours pas bougé d’un pouce. Quelque chose clochait chez lui. Il se tenait là, l’air absent, le regard fixé au loin. Je n’aurais jamais cru qu’un homme aussi grand, aussi costaud, puisse paraître si faible. Quand je me retournai, Emma avait disparu, et je savais que je ne pouvais pas le laisser là, alors qu’un de mes clients pouvait entrer ou sortir à tout moment. J’étouffai un juron en me promettant de me venger d’Emma.
— Venez.
Je le saisis par la manche et l’entraînai vers l’arrière du salon en passant par l’entrée de service. Pour tenter de le camoufler, je m’emparai d’une serviette propre – que j’étais sûre de devoir jeter par la suite –, la drapai autour de sa tête, puis l’aidai à enfiler une blouse trop étroite pour ses épaules. Le client qui avait pris rendez-vous pour un bain de boue marinait encore dans la baignoire avec des concombres sur les yeux. J’en profitai pour attirer l’homme des cavernes vers la cabine de douche dans la salle voisine.
— Je prie pour que vous me compreniez. Je vous en supplie, dites-moi que vous savez prendre une douche.
Un muscle tressaillit dans sa mâchoire, et je sursautai quand il esquissa un mouvement, le premier depuis qu’il était arrivé. Il ôta la première couche de vêtements et la fit passer par-dessus ses épaules. Le tissu rigide tomba au sol. Puis il retira un tee-shirt, suivi d’un deuxième, dévoilant son torse. Un tatouage estompé apparut à travers les poils hirsutes. Il avait non seulement besoin d’une coupe, mais aussi d’un bon coup de tondeuse, et d’une épilation à des endroits où je ne voulais même pas m’aventurer. Et si j’avais pu oublier l’odeur qui émanait de cet homme, j’aurais peut-être regardé ces muscles d’une autre manière. Seigneur, qu’ils étaient durs ! Son ventre plat s’incurvait légèrement, dessinant des abdos sculptés comme je n’en avais plus vu depuis longtemps. Alors que mon regard plongeait inéluctablement vers la ceinture qu’il desserrait, je retins mon souffle. J’aurais dû me retourner, mais je ne pus pas m’empêcher de le regarder ouvrir la boucle et faire glisser son pantalon le long de son bassin étroit jusqu’à ses chevilles.
Putain de merde !
Il ne portait pas de sous-vêtements ! Et pourquoi le matai-je encore ?
Mais comment aurais-je pu détourner les yeux ? Sa queue était énorme, et elle n’était même pas en érection. Je sentis mes cuisses se tendre et ma bouche devenir sèche. Je me léchai la lèvre inférieure et levai lentement le regard pour le contempler dans toute sa splendeur. Même crasseux, il était beau comme un dieu. J’eus un pincement au cœur en m’imaginant ce qui avait pu transformer un homme de cette corpulence, au corps d’athlète, en zombie. M. Neandertal, qui avait l’air de pouvoir tuer un sanglier à mains nues, demeurait impassible.
Bouge, Grace, bouge !
Je m’intercalai entre le mur et lui pour atteindre le pommeau de douche. Ma poitrine frôla son bras et éveilla une étrange excitation dans mon bas-ventre. L’eau se mit à couler et je reculai en me tortillant, forcée de me frotter de nouveau contre lui, mes tétons encore plus sensibles à son contact.
Mes pensées divaguèrent vers l’âge de pierre, l’époque où les hommes des cavernes traînaient leurs femmes par les cheveux jusqu’à leur paillasse. Deux êtres primitifs, sales et sauvages, faisaient l’amour comme des bêtes. Ils se frottaient l’un contre l’autre en poussant des grognements, l’homme la pénétrant sans ménagement. Fou de désir, il n’avait pas pris la peine de la déshabiller, se contenant d’écarter le lambeau de peau qui lui couvrait les fesses. Leurs corps dégoulinaient de sueur, les gouttes laissant des traînées claires sur leurs corps sales.
Mais qu’est-ce qui te prend, Grace ? Je chassai ces pensées idiotes. Si je ne baisais pas bientôt, je me taperais le prochain homme des cavernes qui passerait. Et vu comment fonctionnait Emma, cela pouvait arriver n’importe quand.
— Vous devez vous laver avant que je vous coupe les cheveux.
Je lui touchai le coude pour le guider doucement à l’intérieur de la douche, où il se tint immobile.
— Hé, ça ne se fera pas tout seul. Tenez.
Je lui montrai le distributeur de shampoing et en versai une dose dans ma main.
Il ne broncha pas. J’avais déjà le côté droit trempé, mais si l’homme des cavernes ne se lavait pas avant que mon client sorte de son bain de boue, je serais dans la mouise.
Je déposai la mixture crémeuse dans sa paume, mais il demeura aussi immobile qu’une statue.
— Et merde.
Je retirai mes chaussures et entrai dans la douche avec lui. Je n’avais aucun moyen de lui laver la tête s’il ne bougeait pas.
— Baissez-vous.
Je tirai sur ses bras pour le forcer à descendre, et il se laissa faire. Puis je repris un peu de shampoing que l’étalai sur ses boucles épaisses, et l’émulsionnai depuis les pointes jusqu’à la racine avant de lui frictionner le crâne.
L’espace d’un instant, je crus l’entendre gémir, et je souris parce que cela arrivait souvent quand je lavais les cheveux de mes clients. La plupart des gens ignorent que le cuir chevelu est très sensible et qu’un simple shampoing accompagné d’un massage peut être très efficace pour soulager la pression et le stress. Certains disent que j’ai des doigts magiques, des doigts de fée.
Quand je remarquai que l’homme des cavernes inclinait de plus en plus son crâne dans mes paumes, je sus que j’avais éveillé une première émotion en lui, probablement enfouie depuis une éternité. Une fois ses cheveux lissés en arrière, ses traits devinrent plus définis, plus ciselés. En découvrant ses pommettes saillantes, je me demandais quelle forme avait sa mâchoire sous sa longue barbe. Il ouvrit les yeux, et ses pupilles d’un bleu profond me fixèrent pour la première fois à travers l’eau qui coulait. Quand je sentis son souffle chaud contre mon ventre, j’éprouvai une soudaine sensation de vulnérabilité. Qu’est-ce qui m’arrivait ?
Cro-Magnon se leva lentement, tout seul, sans que j’aie besoin de le guider. J’avais le dos plaqué contre la paroi, et en le sentant si proche, je ne pus empêcher mes pensées de retourner à l’âge de pierre. Sauf que cette fois, la grotte était équipée d’une douche luxueuse où l’homme soulevait la femme pour la caler sur ses hanches avant de s’enfoncer profondément entre ses fesses d’un grand coup de reins. Les jambes nouées autour de sa taille, elle se cramponnait à son cou tandis qu’à chaque poussée, son membre s’enfouissait au plus profond d’elle jusqu’au moment où elle hurla de plaisir.
Une traction au niveau du poignet me ramena au présent. L’homme des cavernes me cloua le bras au mur, juste au-dessus de ma tête, avant de s’emparer du savon dans ma paume et de s’employer à se laver le torse. Une partie de moi voulait rester là à le regarder se savonner les muscles, glisser ses mains en travers de ses abdominaux et plus bas pour nettoyer chaque centimètre de sa peau, mais une autre partie savait qu’il était temps de partir et de le laisser tranquille. Pour la première fois depuis notre rencontre, il esquissait ses propres mouvements sans qu’on ait à le guider ou à le commander.
Trempée, je sortis de la douche, puis m’appuyai contre le mur. Le souffle court, je me penchai en avant, les paumes sur les genoux, essayant d’emplir mes poumons d’air. Qu’est-ce qui venait de se passer ? En un clin d’œil, cet homme m’avait attiré dans son monde au point de me faire perdre tous mes repères. Dire que quelques minutes plus tôt, sa simple vue m’écœurait. Mais en le voyant si vulnérable et soumis à ma volonté, un sentiment longtemps enfoui s’était éveillé en moi. Je n’avais pas vu un homme aussi dépendant depuis des années, et cette fragilité me brisait le cœur. Je devais l’aider. Je maudis Emma. Elle savait que cela arriverait. Enfin, pas la partie douche – c’était un incident. Je n’avais jamais laissé aller de la sorte avec un de ses protégés.
En toute hâte, je troquai mes habits trempés contre une nouvelle paire de jeans et un débardeur. Je serais obligée de me passer de sous-vêtements pour le reste de la journée, puisque je n’avais pas compté me doucher avec les seuls que j’avais emportés. Alors que je boutonnais mon pantalon, la douche s’arrêta. Cro-Magnon sortit nu comme un ver. Je le contemplai bouche bée. Il était propre comme un sou neuf et l’eau luisait sur son corps musclé comme s’il avait été oint d’huile. Le tatouage qui serpentait en travers de ses pectoraux apparaissait plus distinctement au milieu des boucles noires et mouillées agglutinées sur son torse. Mon regard suivit la mince toison de son ventre, irrésistiblement attiré vers le bas. Il fallut un moment avant que je sois capable de lui tendre une serviette, parce qu’en toute honnêteté, à ce moment-là, je m’imaginais avec lui sur le sol, le laissant me posséder comme bon lui semblait.
J’avais le sentiment que l’homme des cavernes allait devenir bien plus qu’une nouvelle faveur envers Emma, et j’avais peur de ce que cela signifiait, ou plutôt de ce que je voulais y voir.