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Mise en Croix 

Bad Boys, Cowboys et Millionnaires
La série des Croix, Tome 2


C’est une fille de la ville.

C’est un garçon de la campagne.

Et leurs mondes vont s’entrechoquer.

Parce qu’il veut que justice soit faite, Eric Waters, l’appétissant cowboy, engage les Entreprises Cross pour découvrir l’identité de celui qui, depuis des décennies, menace et obsède sa famille. En faisant cela, il ne se doute pas qu’il va se donner corps et âme à cette fille de la ville dont il loue les services.

Fatiguée des sempiternelles mêmes affaires inintéressantes, Emma Cross, l’astucieuse détective privé se voit confier une mission à la hauteur de ses talents. Toutefois, garder son sang-froid face à son employeur aux muscles saillants sera une tâche plus difficile que prévue.

Il suffit que les chemins d’Emma et d’Eric se croisent pour que la fascination soit réciproque, mais mélanger travail et plaisir s’avérera plus risqué que prévu pour Emma, et plus trompeur que ce que l’honnête cœur d’Eric peut supporter.

Leur passé respectif, bâtis sur la peur le mensonge, ne les laissera pas en paix une seule seconde, et leur relation se verra mise à l’épreuve par leurs familles, leurs amis et leurs ennemis.

Lorsque la menace se profilera à l’horizon, la confiance et la sincérité ne seront plus de mise, et les vies d’Emma et d’Eric se retrouveront sans dessus-dessous. 

Pourront-ils résister à la tempête et trouver un moyen de rester ensemble, ou alors devront-ils se résoudre à rester chacun l’un et l’autre dans leur monde ?

Remarque : Mise en Croix est réservé à un public averti. Il peut être lu comme un roman indépendant des autres volumes de la Série des Croix.

Disponible à:


La série des Croix

Un avant-goût de Mise en Croix 

Chapitre 1 ~ Emma

Cette nuit-là, je m’étais promis que ce serait la dernière fois que je faisais un pari avec ma meilleure amie. Se retrouver pratiquement nue dans les coulisses d’un club de strip-tease n’était absolument pas le genre de situation dans laquelle j’imaginais me retrouver un jour. Les deux joyaux qui cachaient le bout de mes seins brillaient de mille feux et mes éblouissantes parties intimes commençaient à me gratter. Ma tenue donnait une toute nouvelle dimension à l’expression "se faire un vajazzling".

Dans quoi est-ce que je me suis encore fourrée?

— Arrête-donc un peu de trembler comme une feuille. Tu vas casser la baraque !

Grace, ma meilleure amie, avait de la chance que je l’aime comme une sœur – sinon, elle se serait pris mon poing dans la figure.

— C’est la dernière fois que je t’écoute. Si jamais Tristan ou Julian ont vent de tout ça, ils me feront la tête pendant des mois. Ils m’ont fait suivre partout !

— Ils n’en sauront rien. Tes frères préfèreraient mourir plutôt que de se retrouver dans un endroit pareil, Emma.

— Ce n’est pas ça qui va me faire me sentir mieux ! Si jamais ça finit par se savoir, je t’en tiendrai pour personnellement responsable. Tu peux me rappeler pourquoi je me retrouve là ?

— Parce que tu disais que je n’arriverais jamais à me contenter d’un seul homme, et je t’ai prouvé le contraire. Aujourd’hui, c’est officiellement le premier anniversaire de notre rencontre. Allez, souris, Em’ !

Et Grace avait décidé de le fêter en me traînant dans cet endroit.

— D’ailleurs, tu ne devrais pas être avec Hunter ?

― Il travaille et ensuite il doit aller voir un ami dans une autre ville. Ça fait des mois qu’ils ne se sont pas vus. Et puis, Hunter m’a dit qu’il se ferait pardonner le weekend prochain. 

Génial !

La seule personne qui était réellement responsable de ce qui m’arrivait, c’était moi. C’était moi qui avait décidé de jouer ce foutu rôle d’entremetteuse, parce que je voulais absolument que ma meilleure amie trouve "l’homme idéal", celui qu’elle affirmait voir dans chaque membre de la gent masculine qui croisait son chemin, sans prévoir qu’elle tomberait follement amoureuse de Hunter. Je ne leur donnais pas plus d’un mois, deux à la limite. Et pourtant, me voilà ici un an plus tard à regretter mes paroles. La chance aidant, j’avais réussi à faire traîner ce pari pendant des mois, mais maintenant, j’allais devoir l’honorer.

Et avec une poussée rapide dans mon dos, je me retrouvai tremblante et hésitante sur le devant de la scène. Je me dis alors à mi-voix que j’aimerais vraiment être moins réceptive aux idées absurdes de mes amies. Je n’étais pourtant pas la dernière quand il s’agissait de commettre des folies, mais là, c’était vraiment trop, même pour moi. Et pourtant, Grace, qui était très au fait du genre de vie que j’avais menée durant ces deux dernières années, avait insisté pour que je lâche du lest et que j’aille voir à quoi ressemblait la vie hors de Manhattan. À l’époque du pari, elle n’avait pas jugé utile de me dire que je finirais dans un club de strip-tease miteux avec des buissons virevoltants roulant sur le parking. Il ne semblait pas y avoir trop d’hommes, c’était déjà ça. Ou bien alors, est-ce je m’illusionnais ? Est-ce que la salle s’était remplie pendant que Grace m’aidait à coller tous ces bijoux sur mes parties génitales ? Et si c’était vraiment le cas ? Mes yeux ne s’étaient pas encore habitués à la pénombre, alors je n’en savais encore rien.

J’avais à peine réfléchi à la façon dont j’allais rendre la monnaie de sa pièce à Grace ainsi qu’à mes deux autres traîtresses d’amies, que le silence qui régnait dans le club commença à singulièrement me troubler. Soit il n’y avait personne, soit j’étais vraiment en dessous de tout. Je n’avais même pas encore bougé mes hanches ou fait étinceler mes beaux bijoux qui descendaient le long de la raie de mes fesses et qui me faisaient office de culotte, et pourtant, j’aurais juré entendre les souris que j’avais vu tout à l’heure au bar grignoter des restes de nourritures.

La lumière blanche d’un projecteur fut braquée sur mon visage. Elle parcourut la foule qui me faisait face et me confirma qu’il ne restait plus une place de libre dans le public. Je sentis mon corps se liquéfier sous le coup d’une honte cuisante, parce que je savais que, dans cette salle, j’étais le centre de l’attention.

Et puis merde ! Je ferais aussi bien de faire de mon mieux.

C’était ma devise – rien qu’Emma n’aime tant que la perfection – et lorsqu’il s’agit de perfection, mieux vaut prêcher par l’exemple. La musique sortit des enceintes et je me mis à bouger mon corps suavement et en rythme, en me rapprochant du milieu de la scène et de son poteau en métal fraîchement lustré. J’avais pris quelques cours de pole dancing pour m’amuser – okay, peut-être plus que quelques cours – mais mes amis n’étaient pas au courant de ce petit secret. C’était peut-être pour ça que j’avais été si prompte à relever ce pari. Peut-être qu’au fond de moi je savais qu’à partir du moment où Grace aurait fait main basse sur Hunter, sa vie s’en retrouverait toute chamboulée et qu’elle oublierait tout de ce pari que j’étais sur le point d’honorer. Et, je le répète, ce n’était pas comme si, en temps normal, ma vie me donnait l’occasion de faire des choses aussi insensées. Mes frères qui me surprotégeaient et la réputation de l’entreprise familiale m’en défendaient. En tant que détective privé des Entreprises Cross, j’avais le devoir de me comporter d’une certaine manière. On attendait de moi que je sois prudente, mais je ne voulais rien savoir. Cela pouvait passer pour de l’arrogance, mais je rejetais la faute sur mes grand-frères si attentionnés. Comme j’étais la plus jeune et la seule fille, j’avais parfois l’impression d’avoir trois père au lieu d’un – car mes deux frères se révélaient deux fois plus attentifs avec moi que mon père.  

J’abandonnai cette pensée. Si je devais aller au bout de cette danse et ne pas me faire huer, il fallait que j’arrête de penser aux personnes qu’au fond de moi je tenais pour responsable de mes actions. Chez moi, la rébellion muette n’avait jamais cessé. Et tout ça pour quoi ? J’avais déjà perdu assez de choses comme ça dans ma vie, alors maintenant j’étais déterminée à en profiter un maximum jusqu’à ce que rejoigne David dans son repos éternel.

Je tournai autour du poteau métallique en l’agrippant avec ma main droite. La lumière se décala pour éclairer le sol, et ce fut à ce moment-là que je me rendis compte que la salle était pleine. Pour un établissement de la taille de ce trou miteux, cela représentait quand même quelques dizaines de personnes.

Putain de merde ! Je peux pas faire ça ! Une vague d’angoisse me submergea, descendant de ma poitrine nue via le milieu de mon estomac et jusqu’à l’endroit où se trouvaient mes bijoux étincelants. Je n’avais jamais échoué. Je n’échouais jamais. Je devais le faire  pour me prouver à moi-même que j’étais aussi courageuse et audacieuse que ma réputation de détective privé le laissait supposer. Je vous l’accorde, je vais rarement sur le terrain, mais lorsque c’est le cas, il n’y a rien ni personne qui puisse m’arrêter. Pas une seule affaire que je n’aie résolue ou refusée.

Les sifflets de mes amis assis au premier rang résonnèrent et me ramenèrent à ce qui se passait dans la salle.

Alors que j’étais en train de tourner une nouvelle fois autour du poteau, deux beaux yeux clairs assis à une table dans le coin attirèrent mon attention. Il était tout seul et il tenait une bouteille d’eau dans sa main.

Quelqu’un qui boit de l’eau dans un bar ?

L’homme portait une chemise à carreaux et un chapeau de cowboy qui, jusque-là, avait dû cacher son visage. Autrement, je n’aurais pas raté ces beaux yeux bleus, même à un kilomètre. Et avec sa peau mate, il ressemblait à un miracle génétique.

Sa façon primitive de me regarder, comme s’il voyait une femme pour la première fois, emplirent mes entrailles et mes joues d’une drôle de chaleur. J’étais habituée au regard masculin qui disait "Tu es trop bonne et je veux te baiser là, tout de suite". J’envoyais promener la plupart d’entre eux, mais cet homme-là avait quelque chose de différent.

Ses yeux étaient pleins d’égards envers moi, même s’il dévorait mon corps du regard. J’eus même l’impression de voir sa mâchoire se contracter, comme s’il préférait me soustraire aux regards plutôt que de me retirer mes bijoux pour voir mon corps nu. 

Balançant langoureusement mes hanches pour aller vers lui, je lâchai le poteau métallique pour me déplacer doucement vers le côté de la scène. Parfaitement consciente du fait qu’il aurait une vue imprenable sur mes plus beaux appâts et leurs ornements idéalement placés au beau milieu de ma personne, je soutins son regard. Je voulais voir sa réaction, et je me demandais s’il apprécierait autant que tous les autres hommes le spectacle. Je m’accroupis un peu plus en cachant mon intimité avec ma paume pendant que j’écartais les cuisses. Puis, lentement, comme si j’étais le jouet d’un serpent, je me mis à onduler en me relevant.

Les autres hommes dans la salle n’avaient plus aucune importance. Il n’y avait que moi et le cowboy – qui fronça les sourcils, se leva, et s’en alla.

C’est quoi ce bordel ?

Je revins vers le poteau en me déhanchant pour l’escalader, ce qui faisait partie du numéro que j’avais répété, en sachant pertinemment qu’à ce stade mes mais amis devaient certainement être bouche bée. Je balançai mes jambes au-dessus de ma tête en agrippant le poteau et je les enroulai autour du cylindre de métal en laissant le reste de mon corps, ce qui incluait aussi ma poitrine ferme, retomber gracieusement en arrière pendant que je regardais le public la tête en bas, à la recherche de mon homme mystère. Je finis par l’apercevoir au bar en train de vider un verre. Le charme brut qu’il irradiait et qui m’avait attiré vers lui avait disparu pour laisser place au simple besoin d’en savoir un peu plus sur l’homme qui avait retenu mon intérêt pendant plus d’une minute. Qu’est-ce qui avait bien pu le mettre en colère ? Pourquoi était-il là ?

Je finis ma danse, et le public, également connu sous le nom de groupe d’hommes barbus et à moitié saouls au visage poilu plein de mousse qu’ils gardent là pour plus tard, siffla et applaudit.

Je n’étais pas si mauvaise que ça, après tout.

― Oh mon Dieu ! Emma, tu étais tout simplement fantastique. Crois-moi, tu as raté ta vocation. » dit Grace en me prenant dans ses bras lorsque je revins en coulisses.

― Est-ce que tu l’as vu ce type ? 

― Quel type ? 

― Le cowboy. 

― Il n’y a que des cowboys ici, ma chérie, dit-elle en riant.

Ce n’est qu’à partir de ce moment-là que la mer de chapeaux qui se présentait à moi frappa mes regards. Cet homme aux yeux bleus perçants avait été le seul à retenir mon attention durant mon numéro de danse.

J’empoignai le premier morceau de tissu qui me passait sous la main, je le drapai sur mes épaules, et je bousculai Grace en lui disant, « Je reviens tout de suite. »

À peine la porte latérale avait-elle pivoté que je me cognai contre un torse dur comme de la pierre, et que j’étais frappée de plein fouet par son odeur naturelle, mélangée à des senteurs de feuilles calcinées et d’Aqua Velva. Je connaissais cette odeur grâce à mon père – encore aujourd’hui, il utilisait cette eau de Cologne démodée. Et d’où lui venait donc cette odeur de cuir ? L’homme me saisit par le poignet et me tira sur le côté. J’étais un peu prise au dépourvu par sa force brutale.

― Eh, attention ! 

J’essayai de lui échapper mais il m’agrippait fermement. Juste au moment où j’étais prête à lui administrer un bon coup de genou dans l’entrejambe et à me défendre comme mes frères me l’avaient appris, mon regard rencontra les magnifiques yeux d’un beau bleu profond de tout à l’heure.

― Oh, c’est vous, lui dis-je comme si cela faisait des années que l’on se connaissait.

J’étais distraite par la cicatrice qui barrait son sourcil gauche : je me perdais dans la contemplation de cette marque qui lui faisait dépasser encore un peu plus les niveaux de sensualité autorisés pour un homme.

― Pourquoi est-ce que vous venez ici dans cette tenue ? me demanda-t-il.

Plutôt surprise, je baissais les yeux pour jeter un coup d’œil sur mon peignoir en soie et sur les deux pierres précieuses qui pointaient sous le tissu et qui donnaient l’impression que le bout de mes seins étaient en pierre, et en réalité, ils étaient juste aussi durs.

― Je porte un peignoir et ça ne vous regarde pas. 

― Ça me regarde à partir du moment où une fille, qui a l’air manifestement intelligente, vend son corps à une bande de pervers. 

― C’est vous que vous traitez de pervers ? Je doute qu’on vous ait forcé à venir ici. 

― Votre travail ne me concerne pas. 

― Comme vous dites. Et pour votre gouverne, sachez que ce n’est pas mon travail. 

― C’est une bonne chose, parce que si ça avait été le cas, j’aurais été obligé de mettre le feu à cet endroit pour faire en sorte que plus aucun homme ne puisse poser les yeux sur vous. 

Waouh ! C’était bien la conversation la plus étrange que j’aie jamais eu de toute ma vie avec un inconnu. Dès que je l’avais vu, j’avais senti que je lui appartenais. Jusque-là, aucun autre homme n’avait eu un tel impact dans ma vie. Il était parfaitement agaçant, mais la puissance qu’on devinait dans sa voix, son assurance et ses manières dominatrices m’intriguaient. Peu importe ce qu’il pouvait dire, entre nous, l’affaire étaient entendue. Restait à savoir de quoi il en retournait exactement.

― Pourquoi est-ce que vous me jugez ? 

J’essayais de résister à l’envie de laisser mon doigt sur le renflement blanc de son sourcil.

― Parce qu’une femme qui fait ce que vous venez de faire n’a aucune excuse. 

― Parce que vous allez me dire que vous n’avez pas apprécié ?  lui demandai-je en regardant sa mâchoire se contracter de la même façon que tout à l’heure.

Je savais qu’il avait aimé ce qu’il avait vu quand il avait posé son regard sur moi et qu’il avait réajusté son entrejambe juste avant de repartir.

― Vous êtes un hypocrite, monsieur le cowboy. Si vous ne voulez pas regarder, vous ne devriez pas venir dans ce genre d’endroits. 

Il mit sa main dans sa poche, car son téléphone sonnait, et fronça les sourcils. « Je devais rencontrer quelqu’un ici, mais il semblerait que le rendez-vous ait été annulé. »

Je n’avais jamais cru quelqu’un aussi rapidement ; en fait, dans mon métier, partir du principe qu’on nous racontait toujours des mensonges était de l’ordre de l’évidence. Je m’occupais de la plus petite section de notre agence d’enquêtes privées, celle où la plupart des clients étaient des épouses éplorées dont je devais confirmer les soupçons sur l’infidélité de leur mari. Je détestais mon travail. Ce dernier était déprimant, parce que je savais qu’à partir du moment où quelqu’un, ou plutôt quelqu’une, venait à mon bureau pour louer mes services, elle finirait par repartir avec son mascara dégoulinant sur ses joues. La raison en était simple : si vous soupçonniez votre mari d’être infidèle, cela voulait presque toujours dire qu’il était infidèle. Ma belle-sœur Allie m’avait appris une chose : l’intuition féminine se trompe rarement.

J’avais supplié mes frères de me confier d’autres affaires ; en fait, je les avais plutôt menacés de  partir de l’agence et de rejoindre un cirque s’ils refusaient de le faire. Ma propension à relever les défis et autres paris stupides que Grace pouvait me proposer commençait à devenir suspecte, et plus d’une fois, mes frères furent dans l’obligation de m’empêcher de remplir ma part du marché. Plus tôt la semaine dernière, j’eus à peine le temps de me rhabiller après avoir pris un bain de minuit dans la piscine d’un inconnu avant qu’ils ne me trouvent. Parfois, ça craignait vraiment de faire partie d’une famille de détectives privés.

― J’aimerais vous ramener chez vous. 

― Vous êtes un inconnu. Je ne vais pas dans la voiture d’un inconnu. Et puis, j’ai une voiture. 

― Ne levez pas les yeux au ciel comme ça, me dit-il.

Je ne m’étais même pas rendu compte de les avoir levés.

― Pourquoi ? 

― Parce que ce n’est pas poli. 

― Ah, parce que maintenant on est devenu un cowboy poli ? 

― Et rétorquer n’est pas poli non plus. Allez-vous changer et permettez-moi au moins  vous escorter jusqu’à votre véhicule. S’il vous plaît. 

Sa façon de me le demander, ses yeux implorants – comment pouvais-je lui dire non ? Est-ce qu’il me suivrait ? Je ne le pensais pas, mais j’étais pressée de me rhabiller pour en savoir plus sur cet homme qui avait réussi à me fasciner. Impossible de simplement monter dans ma voiture et partir comme ça.

― D’accord. Attendez-moi ici. 

Pour la première fois depuis  ce soir, il esquissa un léger sourire et j’aurais juré que mes entrailles en dansaient de plaisir. Lui plaire était une satisfaction à laquelle je ne m’attendais pas. Mon besoin de rendre un autre homme heureux était resté en sommeil pendant deux longues années, et je n’aurais pas pensé qu’il était possible de le réveiller. Je savais bien comment rendre un homme heureux, c’était un fait, mais un homme comme lui, un homme qui s’inquiétait sincèrement de moi et de ce que je faisais − je n’aurais jamais pensé en rencontrer un à nouveau. Ce cowboy n’avait tellement rien à voir avec New York. Et puis, il était si intriguant…

Je poussai la porte latérale pour aller me changer et pour aller arracher les deux jumelles, Lisa et Lilly, des griffes des deux gardes du corps tatoués. Mais à quoi diable pensait donc Lilly ? Elle était mariée, bon sang ! Bien que perplexe, j’avais hâte de leur présenter ce cowboy. Avec un peu de chance, elles pourraient me dire que je n’allais pas m’emballer ainsi pour un rien. Juste au moment où j’étais en train de remettre mon jean, j’entendis résonner une voix familière.

― Mais qu’est-ce que tu fous là, Emma ?  Julian, l’aîné des deux frères, commença à me sermonner dans mon dos, et ajouta, sarcastique, « Ah, Grace, quel joie de te revoir. »

Surprise, je me retournai.

― Euh, on ne faisait que s’amuser. 

― Ne me dis pas que tu allais faire un strip-tease ? 

Mon regard se reporta sur Grace, qui était assise dans une chaise, visiblement nerveuse à l’idée de l’interrogatoire en règle qui allait avoir lieu.

― Bien sûr qu’elle allait en faire un.  dit Tristan, mon autre frère, surgissant de derrière un rideau.

― Pourquoi est-ce que vous me suivez ? Ça commence à bien faire. 

J’essayais de comprendre comment ils avaient fait pour me suivre, mais je n’y arrivais pas. J’avais démonté tous les appareils dont ils pouvaient se servir. J’avais même laissé mon portable dans la maison de Grace, mis ses vêtements, et loué une voiture pour arriver jusqu’ici – c’était juste impossible.

Ils se regardèrent avec l’air de ceux qui se demandent s’ils vont révéler leur secret – mais je savais qu’ils ne le feraient pas.

― Le jour où tu arrêteras d’agir comme une enfant et de t’attirer des emmerdes, on n’aura plus besoin de te suivre, n’est-ce pas ? 

― Comment est-ce que vous avez fait pour me suivre ? 

Mais, bien sûr, ils ne répondirent pas à ma question.

― Est-ce que tu sais ce qui arrive aux filles qui traînent dans ce genre d’endroits ? 

Julian ne connaissait que trop bien ce qui arrivait aux femmes dans les bars et les night-clubs : kidnappings, consommation de drogue et mauvais traitements.

Il y a avait dix ans de cela, sa femme Kendra avait été kidnappée par un cartel, retenue prisonnière et traitée comme une esclave sexuelle. Elle avait un fait un aller-retour en enfer au sens propre. J’avais treize ans à l’époque, mais j’en savais déjà assez pour imaginer ce qu’elle avait dû endurer. Julian s’était donné pour mission de m’empêcher de suivre son exemple. J’avais toujours admiré Kendra. Elle m’avait aidé à traverser des moments difficiles.

― C’est l’heure de rentrer, Emma, dit Julian.

― C’est que je suis avec quelqu’un. 

Je mentais tout en espérant secrètement que pour une fois dans ma vie, il y aurait un homme suffisamment ferme, comme ce cowboy, par exemple, pour tenir tête à mes frères. Les souvenirs de ce qui aurait pu se passer si ma vie avait emprunté d’autres voies me glacèrent le sang, comme si de l’azote liquide coulait dans mes veines.

― Grace vient avec nous,  dit mon frère.

― Je ne parle pas de Grace. Laissez-moi au moins lui dire que je m’en vais. 

Ils haussèrent légèrement les sourcils, quelque peu intrigués. Je me précipitai vers la porte en espérant que mon cowboy serait là, mais… il n’était plus là.

Génial ! Il m’a déjà posé un lapin.

Mais je n’étais pas du genre à laisser tomber. Je laissai un mot au barman en lui demandant de la remettre au cowboy et en lui décrivant par le menu et de mémoire ses traits les plus avantageux, y compris cette cicatrice très sexy au-dessus de son sourcil. Pourquoi est-ce que je ne lui avais pas demandé son nom ?

Et avant que je ne m’en rende compte, nous étions déjà sur le chemin du retour. Je ne pouvais penser à autre chose qu’à l’homme qui avait su attirer mon attention plus de deux minutes. C’était assez rare pour être souligné. À cause de mon métier et de mon passé, mes croyances concernant le bonheur avaient été sérieusement ébranlées. L’ironie, c’était que les seuls exemples d’unions heureuses qui me venaient en tête étaient celles de mes parents et de mes frères. Peut-être qu’il était temps de devenir un peu plus responsable, après tout ? Lorsque le cowboy appellerait, nous pourrions alors nous présenter l’un à l’autre dans les règles de l’art. J’étais loin de savoir que je ne recevrais jamais le coup de téléphone que j’attendais.

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Lacey est une auteure de romance érotique et contemporaine avec une touche de suspense. Quand elle ne pense pas à écrire des histoires torrides, ce qui se présente rarement, Lacey aime le camping et skier avec sa famille (pas en même temps bien sûr). C’est une femme mariée, mère de deux enfants, qui se sert de son mari pour mettre à l’épreuve les scènes les plus intimes de ses romans – ce qui ne semble pas le gêner du tout.

Elle aime le rose sur les joues d’une femme, les hommes avec de grands pieds et la lingerie sexy, surtout quand elle est arrachée du corps. Son vêtement préféré est le costume de naissance.