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Les Infidèles Anonymes

le Tome 2 de La série des Infidèle


Il est l’addiction

à laquelle elle ne saura pas résister.

Julia Blakely a réussi à trouver la paix dans un service d’accueil des urgences bondé. C’était bien le dernier endroit où elle s’attendrait à tomber sur son ami des années lycée. Après leur dernière rencontre, il avait disparu, en ne laissant rien d’autre qu’une lettre écrite à la va-vite derrière lui.

Scar Wagner arrive sur une civière dans le plus simple appareil et couvert de peinture. C’est à peine s’il se souvient de son nom. Il est l’archétype du mauvais garçon.

Julia s'occupe de ce nouveau patient mais les souvenirs refont surface et elle ne peut plus le faire sortir de son esprit.

Scar et Julia sont attirés l'un par l'autre. Ils finissent par se retrouver dans un club de strip-tease. Celui de Scar. Ils oublient rapidement les raisons qui les avaient poussés à s’éviter. Plus ils parlent et plus les vieux sentiments qui s’étaient endormis au fond d’eux se réveillent. Un désir réciproque et remontant à leurs années de lycée refait surface avec force.

Mais leur passé respectif et leurs problèmes familiaux ne se laissent pas facilement oublier. Julia a bien du mal à aider sa mère et Scar fait tout son possible pour empêcher son père, un habitué des affaires louches, de nuire. Ils ne se rendent pas compte qu’un inconnu pas si inconnu que cela rôde à la périphérie de leur vie.

Et ce mystérieux personnage à des projets où ils ont un rôle à jouer...

Rejoignez dans leurs aventures la plus sexy des docteurs et un mauvais garçon strip-teaseur excitant en diable. Ils vont devoir surmonter leurs préjugés et leurs idées toutes faites et essayer de raviver cette étincelle qu’ils ont au fond du cœur et qui ne demande qu’à être rallumée.

Remarque : Pour public averti. Les Infidèles Anonymes est un roman qui se suffit à lui-même. Il est néanmoins recommandé de lire le court roman qui le précède : Quand tout va de travers.

Disponible à:


Un avant-goût: 

Chapitre 1

— Qu'est-ce que c'est que ça, nom de Dieu ?

Le patient qui venait d’arriver aux urgences avait une érection qui faisait presque la taille d'un bras d'homme. Elle déformait le drap qui la recouvrait. J’avais eu la chance de ne pas me trouver en première ligne dans la zone de triage. Je remerciai ma bonne étoile. Je pouvais encore entendre des rires fuser depuis derrière le rideau.

— Je te le laisse, Jules. Celui-là, je ne le toucherais pas, même pour tout l’or du monde.

L'humour de ma collègue et meilleure amie ne me trompa pas. Chris et moi travaillions toutes les deux de nuit, et, selon toute vraisemblance, elle n’allait pas se risquer à venir me donner un coup de main. En fait, attirer l’attention de toutes les infirmières sur le cas de ce patient n’aurait fait que retarder et empirer les choses. Heureusement pour moi, elle décida de partir.

— Je suis presque sûre d'avoir un patient qui a besoin d'un lavement. Je crois que je préfère m’occuper de son extrémité plutôt que de celle du tien.

J'en doutais fortement. Chris faisait mieux qu’une strip-teaseuse qui se frottait contre sa barre lorsqu’il s’agissait de faire monter la température des infirmiers.

— Tout le monde dehors !

Je pointai mon doigt en direction de la porte, mais personne ne bougea. Les gens présents se regardaient les uns les un autres tout en essayant de voir à quoi ressemblait la blessure aux généreuses proportions de mon patient. Je commençais à perdre patience. Qu’est-ce qui se trouvait donc sous ces draps ?

— On n’est pas dans Grey’s Anatomy, donc, je ne veux pas vous avoir dans les pattes, sauf si vous vous décidez à me donner un coup de main.

Ils finirent tous par retourner à leurs occupations. Les samedis soir, ou plutôt les dimanches matin, nous recevions généralement les victimes des fêtes du week-end, donc la plupart de nos patients arrivaient ivres morts, défoncés ou sous sédatifs. Difficile de comprendre ce qui se passait autour de soi lorsqu’on était dans cet état-là. Le type qui se trouvait sur le lit qui était en face de moi était définitivement aux abonnés absents. Son visage était couvert de peinture − du vert, du rouge, du jaune, du bleu, et toutes leurs copines de l’arc-en-ciel. À quel genre de fête était-il donc allé ?

Avec hésitation, je soulevai les draps. Le reste de son corps était peint avec le même mélange de couleurs que son visage. Mon regard se posa sur sa hanche. Je pouvais distinguer les lignes noires d'un tatouage sous les taches de peintures, même si sa forme me demeurait mystérieuse. Ce patient portait-il des vêtements à son arrivée ? Je soupirai et j’enlevai le drap jusqu'à ses genoux. L'infirmière qui se trouvait à côté de moi en fut bouche bée. Elle n’arrivait pas à détacher son regard de ce qui semblait être un canon − un énorme canon qui était en fait un cylindre qui emprisonnait le pénis agrandi de mon patient.

— Putain de merde ! m’exclamai-je à voix basse. Qu’est-ce qu’il a foutu pour se retrouver avec la bite coincée dans une pompe ?

J'examinai attentivement l'engin. Dans des moments comme celui-ci, il fallait vraiment beaucoup de concentration pour être médecin. Je ne savais pas trop quoi faire : est-ce que je devais me rouler en boule et me tordre de rire à même le sol, ou alors le gifler pour avoir été aussi stupide ? Mais je ne fis ni l’un ni l’autre. Malgré les couches de peinture, je pouvais affirmer que cet homme était à tomber par terre. J’étais médecin et je me sentais coupable de l'avoir regardé avec lubricité. Mais comment aurais-je pu m’en empêcher ? Il était complètement glabre. Il était rasé et peut-être bien épilé à la cire. Ses cuisses étaient définies, laissant découvrant de magnifiques muscles saillants. Les quelques endroits qui n’avaient pas été recouverts par la peinture laissaient voir une peau lisse. À première vue, on devait y avoir appliqué de la crème. Non, ça devait être autre chose − ça brillait trop.

J'approchai mon visage de son corps pour respirer son odeur. Une odeur distincte de vanille mélangé à un autre parfum de fleur s’engouffra dans mes narines en même temps que les effluves de peinture. La fragrance emplit mes poumons. Je l'imaginai alors en train de s’enduire d'huile de massage après l’avoir versée sur sa peau bronzée. À cause de cela, mon regard reflua plein nord jusqu'à sa poitrine, là où ses muscles formaient une vallée. C’était un spectacle à vous couper le souffle. Ses abdominaux et sa poitrine, sculpturaux en diable, étaient dignes d’une œuvre d'art. Des lignes rouges, sans doute tracées par des ongles et appartenant plus que probablement à une femme, striaient son torse. L’espace d’un instant, je jalousai la femme qui, il y a quelque heures de cela, avait pu, chanceuse qu’elle était, poser ses mains sur lui.

— Tu sais ce qui est arrivé à ce type ? demandai-je à l'infirmière Olivia tandis que j’essayais de trouver le meilleur moyen de lui enlever le cylindre en plastique sans lui faire de mal.

Qu’est-ce qu’il avait foutu au bon Dieu pour garder une érection de cette taille après s’être évanoui ?

— C'est un strip-teaseur. Il n’arrivait pas à l’enlever et ses amis lui ont donné une bouteille à boire pour soulager la douleur.

Avec un sexe de cette taille, je parie qu'il n’a aucun problème à prendre son pied.

— On rêve d’avoir des amis pareils, dis-je en ne pouvant m’empêcher de mettre dans ma voix une pointe de sarcasme. Faites-moi une analyse toxicologique et remettez-la-moi dès que vous avez les résultats. Je veux être sûre qu'il n’a rien pris d'autre. Je n’ai pas envie de rater quelque chose.

— Oui, m'dame.

Sa remarque me fit grimacer intérieurement. Je n'avais pas l'air assez vieille et je ne me sentais moi-même pas assez vieille pour qu’on m’appelle « m’dame ». À chaque fois que je croisais les autres employés de l’hôpital, je jubilais intérieurement, car on me respectait. Mais cela ne m’empêchait pas d’être consciente de ma réputation de garce et de dure à cuire en manque de sexe qui ne quittait jamais l’hôpital. Mais j’étais obligée d’agir ainsi, et cela, ils l’ignoraient tous. Vivre dans cet hôpital ou presque m'avait évité bien des ennuis. J'allais mieux et j’étais en meilleure santé qu’avant. Cela faisait plus d'un an que je m’étais désintoxiquée, et les réunions hebdomadaires auxquelles mon amie Chris m'avait fait assister, m'avaient permis de garder les pieds sur terre et de rester concentrée sur ce que je devais faire. L’époque où je draguais de parfaits inconnus était bel et bien terminée. La tentation de replonger était toujours là, bien évidemment. L’odeur du bacon n’arrête pas subitement de vous titiller les narines, parce que vous avez décidé de devenir végétarien. Mais j'avais choisi de me concentrer sur le travail, ce qui faisait de moi un sacré bon docteur. J’avais un beau spécimen de mâle devant moi, certes, mais ma priorité était de l'aider et non de profiter de lui. Je n'avais jamais franchi cette ligne au travail. Et puis, ils avaient aussi tout faux quand ils disaient que j’étais « en manque ». Ce manque pouvait être comblé quand je le désirais ; mais à ce moment de ma vie, j'avais choisi de ne pas céder à mes pulsions. J'avais choisi d'être en bonne santé.

— Il travaille dans quel club ? demandai-je sans trop savoir pourquoi.

— Le Hounds, je crois.

Je l’observai du coin de l'œil et je la vis rougir. Manifestement, elle connaissait ce club.

Quelle idiote, celle-là ! Cette novice ne connaissait foutrement rien aux hommes et elle rougissait rien qu’en imaginant notre homme en train de se trémousser autour d'une barre métallique. Il n’en aurait fait qu’une bouchée et elle n’aurait même pas eu le temps de lui dire comment elle s’appelait.

— Et ça marche comment, ce truc ? me demanda-t-elle en me montrant du doigt l’engin attaché à l’entrejambe du patient.

Sa question naïve me fit perdre ma concentration. J'eus bien envie de lever les yeux au ciel, mais je m’en abstins. Je pouvais rester professionnelle même quand on parlait d’un beau membre viril coincé dans un étui de protection. Il y avait un je-ne-sais-quoi dans ce spectacle qui me faisait serrer les cuisses, mais je décidai de l’ignorer.

— Le vide créé autour du pénis favorise la circulation sanguine. Elle dilate les corps caverneux et donne au mâle une érection aussi intense que temporaire. Pour être honnête, ce genre d’engins tombe rarement en panne. C’est assez inhabituel de voir quelqu’un qui reste coincé dedans, lui expliquai-je tout en m’assurant qu’aucun nerf n’avait été endommagé.

Je pourrais demander qu’on fasse une échographie.

— Celle-là ne m’a pas l’air temporaire.

Elle continuait à me montrer l'érection du patient. Comme si je ne savais pas quel était le problème. J'essayai de poser doucement mon doigt entre le point d'entrée et sa peau douce, juste au-dessus de son scrotum.

— On dirait que la soupape d’évacuation censée réduire la pression s’est cassée. Est-ce que vous pouvez m’amener une spatule en bois, s'il vous plaît ? Je n’ai pas envie de le blesser.

Remplie de peur, Olivia s’éclipsa, probablement dévastée par l’éventualité que ce beau mâle puisse être impuissant pour le reste de ses jours. Malheureusement pour moi, certains ne comprenaient pas l’humour médical. C’était assez peu probable qu’il soit blessé, mais je connaissais des hommes qui avaient beaucoup trop souvent utilisé cette pompe, au point où leurs érections en dépendaient totalement.

Je n’avais plus personne pour m’empêcher de faire mon travail. J’en profitai pour m’occuper de sa peau. Je la lubrifiai en tirant doucement dessus pour la faire lentement sortir de sa prison, millimètre par millimètre. Ah la vache, il me donne du fil à retordre ce truc. J’aurais préféré lui donner du bon temps. Ça aurait été plus facile. Je ris de mon esprit tordu.

J’allais devoir m’en donner moi-même une fois à la maison, ça j’en étais à peu près sûre.

Je sentis la main du patient empoigner un de mes seins juste au moment où l’effet de succion se mit à diminuer. L’air passa par dessous l’engin et on entendit un léger bruit. Il avait toujours les yeux fermés. On aurait dit qu'il rêvait. Son air décontracté me disait vaguement quelque chose.

Je me figeai sur place. J’étais bouche bée. Une partie de moi avait bien envie de lui déboîter ou de lui arracher le bras. L’autre, elle, ne demandait rien de mieux que d’enlever ma blouse et mon soutien-gorge. Je voulais sentir sa paume malaxer mon sein nu. Une drôle d’idée me traversa même l’esprit : je fus un instant tentée de prendre sa main pour la poser sur mon entrejambe.Mais c’était mal à tous points de vue. Je ne savais même pas d'où me venait cette pensée. C'était typiquement le genre de fantasme que mon moi obsédé pouvait avoir. Le moi raisonnable n’aurait pas eu cette idée. Est-ce que je venais de retomber dans mes vieux travers ?

— Tout doux, Roméo, lui dis-je en retirant sa main.

Il marmonna quelque chose à propos de cicatrices. Sa voix, bien que complètement sous l’emprise de l’alcool, me disait quelque chose.

— Qu'est-ce que vous avez dit ? lui demandai-je.

Il était à mi-chemin entre le rêve et l'éveil. Ou alors, il était juste complètement ivre.

— Ravi de vous rencontrer.

Ses paupières, encore lourdes de sommeil, s'ouvrirent légèrement et je suffoquai. Les beaux yeux couleur noisette que j’avais devant moi me ramenèrent immédiatement sous les gradins du lycée, aux dix mois les plus incroyables de ma vie… avec Scar. Je l’avais revu cinq ans plus tard dans un chalet de ski et nous nous étions retrouvés tous les deux coincés dans une grotte. Avant l'arrivée de l'équipe de secours, ses doigts avaient eu le temps faire de la magie sur tout mon corps. Et personne n’avait pu l’égaler depuis. J’avais cherché cet orgasme parfait encore et encore avec une multitude d'hommes, mais je n’avais jamais réussi à le retrouver.

Je sortis rapidement son dossier et je revérifiai son nom : Nicholas Wagner. Le seul et l’unique que je connaissais sous le nom de Scar.

Je reportai mon attention sur son bras et j'attrapai une serviette en papier. Je la trempai dans une tasse remplie d'eau et je l’appliquai sur la peinture arc-en-ciel sur son bras pour voir s’il y avait quelque chose qui ressemblait, même de loin, à cette marque blanche que Scar avait au moment où il m'avait dit qu'il était tombé dans les escaliers. Mais maintenant, elle était caché par une épaisse tige de rose avec des épines qui dégoulinaient. Les gouttes de sang peintes paraissaient presque trop réelles. Cette œuvre avait été bien pensée : des larmes tombant de pétales de rose qui s’écoulaient vers le bas. Elles étaient partout et elles étaient assorties aux fleurs tatouées que j’avais vues sur sa hanche. Le dessin était beau mais triste, et s'étendait sur son épaule et sur son bras. J’inspectai rapidement le reste de son corps en essuyant un peu au hasard. Il était couvert de marques blanches éparses.

Des types ont dû découvrir que leurs copines les avaient trompés avec Scar et ils ont dû le battre comme plâtre.

Je passai le bout de papier taché sur sa lèvre supérieure, là où sa cicatrice formait un renflement sexy. Je m’en souvenais, car je l’avais sentie sous ma bouche. Je ne pus m'empêcher de sourire. Et je sentis des picotements chauds dans mon bas-ventre.

— Je te connais, toi, marmonna-t-il. 

L’espace d’un moment, je retins l’air qui se trouvait dans mes poumons. Était-il possible qu'il se souvienne de moi, cette personne insignifiante, après tant d'années ? Avait-il regretté, ne serait-ce qu’une fois, de m'avoir laissée derrière lui après notre nuit dans la grotte avec une lettre pour tout souvenir ? Cela n'avait plus d'importance maintenant, à vrai dire. Cela n'aurait pas dû avoir d'importance. Il savait où j’habitais et il ne m’avait jamais appelée. Et puis, Scar Wagner croyait sûrement toujours à ses idéaux sur l’infidélité, ce qui voulait dire que nous avions encore trop de points en commun. On se serait sans doute bien amusés ensemble, mais je n’avais pas envie de lui faire de mal. Et je n’avais pas envie de me faire du mal non plus. L’un de nous deux allait finir par tromper l’autre. Ce n’était qu'une question de temps. Je ne voulais pas emprunter à nouveau la voie de l'infidélité − en particulier dans mes histoires d’amour. Mais où est-ce que j’en étais, moi ? Je n’avais pas vécu une seule histoire d’amour depuis notre dernière rencontre.

Ça faisait maintenant plus d'un an que j’essayais de recouvrer la santé, et ça commençait à fonctionner. Il m’était encore difficile de croire au bonheur éternel, certes, mais, au moins je n'étais plus effrayée par la perspective de passer le reste de ma vie toute seule. Je m'étais abstenue de relations sexuelles et je les avais remplacées par un narcissisme de bon aloi. Une vigoureuse langue d’homme sur ma peau ou une un beau et imposant membre viril en moi... Il n’y avait probablement rien de mieux dans la vie. Mais j’avais appris à m'en passer.

J’avais bien envie de m’attribuer tout le mérite de ma guérison, mais je ne le pouvais pas. Si je n’avais pas vécu cette terrible nuit où j’avais failli me chier dessus de peur, je n'aurais sans doute jamais trouvé la force de demander de l'aide. Pour que je réalise enfin à quel point mon addiction était dangereuse, il avait fallu que les doigts d'un homme se resserrent autour de ma gorge dans une ruelle sombre. Il avait aussi fallu qu’il baisse son pantalon jusqu’aux chevilles et qu’il presse le canon glacé d'un pistolet contre ma tempe. Il avait mis sa main sous ma robe et m’avait arraché ma culotte. Ce souvenir était encore frais dans ma mémoire. Ce sentiment d'impuissance que j’avais eu lorsque qu’il m’avait pénétrée, je l’éprouverais pour toujours. Le dégoût et la honte habiteraient à jamais chacun de mes muscles.

Cette nuit passée à l'hôpital m’avait servi de réveil. Quelqu'un avait retrouvé mon corps presque sans vie. Heureusement pour moi. Ce fils de pute avait décidé de faire de moi un cadavre. Les joues couvertes de bleus, les yeux injectés de sang et deux côtes cassées plus tard, j'avais fait le choix de guérir. Dieu merci, Chris était en service lorsque j'avais été admise à l’hôpital. Elle avait pu garder le silence sur ce qui m'était arrivé. Elle avait aussi juré de botter le cul à mon addiction. La peur qui m’étreignait m’avait forcé à m’arrêter. La perpétuelle douleur que je ressentais dans mes membres était plus forte que mon besoin de ressentir du plaisir. Je n’allais jamais pouvoir oublier ce qui m’était arrivé. Je m’étais concentrée sur mon travail, j'avais décidé de travailler encore plus, je m’étais même assommée de travail. Il n’était plus question de rendez-vous. Il n’était plus question d’hommes. Plus je passerais de temps à l'hôpital à travailler et mieux je me sentirais. Chris était la seul collègue à qui j'avais parlé de mes problèmes. Grâce à elle, j'avais quitté Washington et j’étais retournée à New York pour tout recommencer − pour prendre un nouveau départ. Elle avait été ma planche de salut.

Je n’allais plus me réveiller le matin dans un lit étranger, allongée à côté de quelqu'un que je ne connaissais pas ou que je ne reconnaissais pas. Ma dernière marche de la honte remontait à deux ans. Il m'avait fallu un certain temps pour comprendre comment j'avais pu ainsi me laisser détourner du droit chemin. La seule réponse que j'ai pu trouver à cette question, c’était Scar Wagner. Pendant des années, j’avais fait l’impossible pour retrouver un plaisir similaire à celui que j’avais connu avec lui dans cette grotte. J’avais espéré que l'un des hommes avec qui je couchais finirait par me le donner. J’avais même prié pour. Il n’y en avait pas eu un pour lui arriver à la cheville. Je n'avais jamais couché deux fois de suite avec les hommes que j’avais rencontrés. Toutes mes décisions, je les avais prises en pensant à lui. Je ne lui en voulais pas, d’ailleurs ; ça aurait été injuste de ma part. Mais cela ne changeait rien au fait que j'avais laissé un homme indirectement affecter ma manière de vivre.

— Vous avez beaucoup bu, Monsieur Wagner.

Il grimaça lorsqu’il m’entendit prononcer son nom de famille.

Oui, à un moment donné, Scar avait méprisé son patronyme à cause de ses problèmes familiaux. Mais, à mon avis, il avait dû finir par dépasser tout ça.

Je pris une couverture dans le tiroir chauffant et je le couvris avec. Je me tournai ensuite vers Olivia Elle était au pied du lit et elle avait une spatule à la main. Elle n’avait pas cessé de fixer du regard l'entrejambe du patient. On avait à nouveau dressé le chapiteau du cirque. L’espace d’un instant, je fus tentée de vérifier à nouveau ce qui se trouvait sous les draps. Mais lorsque je le vis regarder Olivia avec un sourire en coin qui disait « Je sais très bien quel effet je te fais », je sus presque aussitôt qu'il était juste excité de la voir.

Sacré vieux Scar, va ! Mauvais pour ma santé et dangereux à n’en point douter. Je devais garder mes distances.

— Il pourra sortir de l’hôpital quand il se sera dégrisé. Si l’analyse toxicologique ne nous apprend rien de plus, bien sûr , lui dis-je en baissant le lit.

Elle tapa ce que je lui avait dit sur sa tablette pour la remettre au médecin qui me succéderait. Une fois que Scar se serait dégrisé, ma journée de travail serait terminée.

— Olivia va prendre soin de vous, monsieur. Ça ne devrait plus être long maintenant.

Je passai ensuite au patient numéro... euh, en général, je perdais leur compte après deux ou trois. Je finis quand même par rentrer chez moi. Je fermai la porte derrière moi et j’appuyai mon dos contre elle avant de glisser jusque par terre et de ramener mes genoux contre ma poitrine. Je pouvais enfin baisser ma garde. J’inspirai profondément. C’était comme si j’avais manqué d'air toute la nuit. J’avais la tête qui tournait. Mes mains tremblaient et mon cœur battait dans mes oreilles. Je ne m'attendais sûrement pas à ce que mes sentiments pour lui reviennent aussi rapidement. J’avais envie de garder mes distances avec lui, mais je savais que cela ne servirait à rien.

Le passage de Scar à l'hôpital m'empêcha de dormir. J’avais posé ma main entre mes jambes et j’essayais de retrouver cet orgasme que je connaissais si bien et pour lequel je souffrais depuis six ans. J’échouai.

Les Infidèles Anonymes est disponible à:


La série des Infidèles



Lacey est une auteure de romance érotique et contemporaine avec une touche de suspense. Quand elle ne pense pas à écrire des histoires torrides, ce qui se présente rarement, Lacey aime le camping et skier avec sa famille (pas en même temps bien sûr). C’est une femme mariée, mère de deux enfants, qui se sert de son mari pour mettre à l’épreuve les scènes les plus intimes de ses romans – ce qui ne semble pas le gêner du tout.

Elle aime le rose sur les joues d’une femme, les hommes avec de grands pieds et la lingerie sexy, surtout quand elle est arrachée du corps. Son vêtement préféré est le costume de naissance.